Voir la cicatrice après une mastectomie

Très vite et souvent le lendemain de l’opération, le chirurgien et/ou l’infirmière vont retirer le pansement qui cache la cicatrice.

• Pour les soignants, ce moment est un geste technique au cours duquel ils vont vérifier que la cicatrice évolue normalement, qu’il n’y a pas de signe d’infection. C’est leur rôle et il est important.
• Pour les femmes, c’est autre chose. C’est souvent le moment particulièrement redouté, très chargé en émotions car elles appréhendent de voir « le vide » laissé par la chirurgie.

Regarder ou ne pas regarder ?

Lors du retrait du pansement, le chirurgien et/ou l’infirmière vous proposeront de regarder la cicatrice. La décision de regarder ou pas vous appartient. C’est votre corps. C’est votre intimité.
C’est important que les soignants respectent votre décision. Ils n’ont pas à vous contraindre.

Les réactions émotionnelles peuvent être différentes d’une femme à une autre.

. Certaines vont regarder de suite même si c’est difficile.
« J’ai regardé de suite. Je me suis effondrée. Je redoutais ce moment »

. Certaines hâtent ce moment pour être débarrassées au plus vite.
« Ça y est. Cette cochonnerie est partie de mon corps. Je vais guérir »

 . Elle se montrent plutôt résignées
« Je n’ai plus de sein, mais il faudra faire avec »

. D’autres se sont bien préparées avant l’opération et sont plutôt surprises en bien.
« Ce n’est pas si mal »

. Certaines ont déjà envisagé une reconstruction mammaire et savent que ce qu’elles vivent est une étape obligée.
« Patience »

. Certaines vont refuser de regarder
« Je ne voulais pas regarder. J’ai tourné la tête. Le chirurgien a compris. J’ai apprécié qu’il me respecte »

. Certaines vont différer ce moment le plus possible. Elles mettront plusieurs jours avant d’oser regarder.
« Je voulais être toute seule pour regarder. J’ai attendu d’être chez moi, dans ma salle de bain.
J’ai pleuré. »

« Le temps de la découverte de la cicatrice
vous appartient »

Le moment le plus approprié après une mastectomie pour « regarder » la cicatrice ne peut être décrété par avance. Il dépend de l’état psychologique de chaque femme.
C’est vous qui déciderez ce que vous voulez faire, quand vous serez prête, que ce soit à l’hôpital ou chez vous.

La cicatrice, c’est bien plus qu’une trace sur la peau.

Si le chirurgien ou l’infirmière voient une « belle » plaie, propre et bien cicatrisée, la patiente qui découvre cet endroit de son corps, n’y voit plus son sein. C’est le rappel de la maladie et de la perte, sa signature.
« L’infirmière m’a demandé si j’avais regardé ma cicatrice. Mais moi, ce que je voyais, ce n’était pas la cicatrice, ce que je voyais c’est que je n’avais plus de sein. On n’était pas sur la même planète ».

« Le regard de mon mari m’a rassurée »

« La femme guette dans le regard des autres, et notamment de son mari, de son compagnon, un signe qui lui indique si elle est encore « visible », et au-delà si elle est, ou non, désirable. Le mari ou le compagnon, conscient de l’enjeu, fait comme il peut ».

« L’atteinte du corps » Andrée Lehmann, psychanalyste.

L’adaptation
à votre nouvelle image corporelle
prendra du temps

Vous prendrez conscience que votre féminité n’a pas disparu pour autant. La confiance en soi reviendra doucement, la peur du regard des autres s’estompera. Vous trouverez des solutions pour préserver votre silhouette. Que ce soit le port d’une prothèse externe associé à de la belle lingerie, ou le projet d’une reconstruction mammaire.

Le rôle prépondérant des infirmières à ce moment crucial du parcours

Témoignage d’une infirmière du Centre Oscar Lambret de Lille.

Un moment douloureux

Je sais que ce moment où je vais enlever le pansement est très douloureux pour la patiente.
Je la prépare la veille : « Demain je vais enlever le pansement » et j’associe à cette information difficile une information de bien-être, par exemple « Ensuite vous pourrez prendre une douche ».
J’explique quel est mon rôle, les soins que je dois faire (« je dois vérifier que la cicatrisation se fait bien, qu’il n’y a pas d’infection »).
Je la rassure (« cela ne fait pas mal »).

Du respect

Je suis la première personne qui va assister, accompagner cette dame lors de cet événement majeur traumatisant de sa vie.
Elle va peut-être pleurer, ne pas vouloir regarder. Je respecte absolument ses émotions. Je sais que je suis la première personne qui va porter un regard sur la partie de son corps que cette dame ne peut pas encore affronter et c’est prépondérant.

De la douceur

« L’infirmière m’a caressé le bras »
« L’infirmière a posé légèrement sa main sur mon poignet »

Témoignage

Témoignage

Mon mari était avec moi lorsque on m’a proposé d’enlever le pansement. Nous avons donc vu ensemble la cicatrice. Lui de sa hauteur et moi allongée dans mon lit. Je me suis sentie rassurée par la réaction de mon mari.

Témoignage

Témoignage

Mon mari a souhaité regarder ma cicatrice pour se l’approprier et aussi, je pense, pour me faire comprendre qu’il continuerait à me regarder. Il m’a prise dans ses bras en me disant qu’il m’aimait toujours et qu’il savait combien c’était dur pour moi. Ces quelques mots étaient tout simplement ceux que j’avais envie d’entendre à ce moment-là.

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